22 mars 2024
Etude prospective pour la mise en place de la réutilisation des eaux usées traitées
Face aux évolutions climatiques, tous les territoires français se trouvent confrontés à des tensions au moins saisonnières sur la ressource en eau. Pour prévenir ces périodes de tensions, le département du Loiret a élaboré avec le Cerema une démarche prospective et multi-acteurs visant à identifier les secteurs les plus appropriés pour une mise en œuvre de la réutilisation des eaux usées traitées (REUT) dans son territoire.

Le Département du Loiret a souhaité engager une démarche prospective territoriale visant à exploiter la réutilisation des eaux traitées des stations d’épuration des collectivités, au bénéfice d’autres usages, et a fait appel au Cerema pour l'accompagner dans l'identification du potentiel de REUT à l'échelle du territoire.

 

La REUT : une solution promue pour prévenir les tensions sur l’eau

En passant d’une vision linéaire (collecte, traitement, rejet) à une gestion circulaire de l’eau sortie des stations d’épurations, la réutilisation des eaux usées traitées (REUT) est l’une des solutions possibles à mettre en œuvre pour prévenir les tensions périodiques ou chroniques sur la ressource en eau. 

 

Encore faut-il que ses objectifs soient bien identifiés et argumentés par rapport aux enjeux et au contexte du territoire, dans une vision prospective et partagée par le plus grand nombre. 

 

Département du Loiret

C’est dans cet objectif que le conseil départemental du Loiret a fait appel au Cerema pour se doter d’une stratégie de long-terme et identifier les enjeux et zones d’opportunités de la REUT à l’échelle de son département. 

L’étude a été lancée en mai 2022, soit avant que le gouvernement a choisi le thème de l’eau comme premier axe pour décliner sa "planification écologique" avec entre autres objectifs, celui de déployer massivement la réutilisation des eaux usées traitées, en particulier en zone littorale, dans l’ambition de créer 1 000 projets et d’atteindre un taux de réutilisation des eaux usées après traitement de 10 % d’ici 2030. 

 

La gouvernance : Une clé pour impliquer les multiples acteurs du territoire

Dès le lancement de l’étude, outre des réunions hebdomadaires avec l’équipe projet du Cerema, le département du Loiret a tenu à mettre en place un comité technique réunissant chaque mois les deux agences de l’eau concernées, la Direction Départementale des Territoires du Loiret, ainsi que la Direction Régionale de l’Environnement de l’Aménagement et du Logement. Ces institutions sont en effet garantes de la stratégie de gestion de l’eau du territoire. Elles disposent des connaissances et données indispensables à un zonage d’opportunité de la REUT, à savoir : l’état des masses d’eau, les points, usages et volumes de prélèvements d’eau. 

En fonction des questions soulevées par le comité technique, le département a aussi consulté d’autres acteurs à même de compléter les données ou de fournir un avis sur la méthode, en particulier l’Agence Régionale de Santé Centre-Val-de-Loire, l’Office Français pour la Biodiversité ainsi que d’autres acteurs tel le bureau de recherche et minière ou la chambre départementale d’agriculture. Le département a également assuré le rapportage auprès des élus.

Grâce à cet engagement continu porté par une personne bien identifiée du département et à la participation assidue des membres du comité technique, une méthode d’analyse a pu être coconstruite  

 

La descente d’échelle : une approche territoriale de l’opportunité 

L’étude a été menée pas à pas en étudiant et en partageant avec les membres du comité technique et les élus du département : 

  • Le diagnostic de l’état actuel et des tendances d’évolution à moyen terme (2050) du climat, des masses d’eau et de la dynamique de développement du territoire (population, industrialisation, tendances d’évolution des pratiques agricoles…) ;
  • Les usages actuels de l’eau, tant agricoles qu’industriels par rapport aux volumes annuels d’eau prélevées et de leur saisonnalité ; 
  • Les volumes d’eau usées traitées actuellement produits par les stations de traitement et d’épuration de l’eau urbaine (STEU) 

 

Ce type d’approche cherche à répondre aux questions qui se posent lorsqu’on cherche à identifier l’opportunité d’utiliser les eaux usées traitées (Figure 1) : 

 

  • Dans la durée et pour le territoire : Pour répondre à quels enjeux ? Où et dans quelle logique ? avec quels risques ? quels écueils, pratiques ou options à éviter au regard des caractéristiques du territoire ?
  • Au bénéfice de quels usages : en substitution de quels prélèvements ? avec qui ? pour quels bénéfices attendus ? avec quelles valeurs possibles de l’eau ? 
  • Au niveau de quelles STEU : avec quel potentiel de gisement en qualité et quantité ? à la faveur de quels programme de travaux prévus ou de quelle opportunité d’aménagement ?

Les départements ou les régions : un rôle à jouer pour déployer la REUT

Les projets de REUT sont voués à l’échec si leurs objectifs ne sont pas partagés. Par ailleurs, comme c’est une solution coûteuse, assez complexe, cela nécessite un engagement dans la durée des principales parties-prenantes : élus-décideurs, maître d’ouvrage, usagers, instructeurs, techniciens. 

 

La REUT reste une modalité très centralisée de gestion alternative de l’eau, par rapport au mode de gestion conventionnel. Ce ne peut être une mesure d’adaptation au changement climatique que si cette solution est analysée à l’échelle d’un territoire, au regard des enjeux de ce territoire et avec une vue prospective des projets de développements et tendances d’évolutions de ce territoire. 

C’est dans cette mesure que les départements ou les régions ont un rôle à jouer. Même s’ils n’ont pas de compétences spécifiques en matière de gestion de l’eau, ils peuvent :

  • initier une dynamique à leur échelle, 
  • coordonner des plans ou projets d’aménagement avec des options de REUT, 
  • faciliter l’émergence de projets, 
  • réunir les conditions pour éviter les échecs.